MARCHE UNIQUE DE LA CEDEAO : Quel avantage pour les Economies Nationales?
La Création d'un marché unique, dans l'espace Cedeao, pour assurer la fluidité de la libre circulation des personnes et de leurs biens, c´est l´un des objectifs fondamentaux des Etats membres de la Communauté Economique des Etats de l´Afrique de l´Ouest. Plus un idéal qu´une réalité, la mise en place d´un tel marché bute encore sur des difficultés de plusieurs ordres. Dès lors, l´on serait tenté de se poser plusieurs questions : En quoi le marché unique peut-il booster notre économie nationale ? Quels sont les obstacles de ce commerce intra régional ?
De nos jours, dans un contexte international caractérisé par la mondialisation, la loi du talion semble être la voie la mieux prisée. Il va s´en dire, dès lors, que les pays et les organisations les plus puissants seront les seuls à dicter les lois de l´économie mondiale. Face à cette situation galopante qui ne profite guère à nos économies déjà fragiles, il s´avère nécessaire voire indispensable que les pays membres de la Communauté Economique des Etats de l´Afrique de l´Ouest convergent leurs efforts pour la création d´un marché unique régional. Qu´est-ce qu´on entend par marché unique ? Sa création pourrait-il avoir des avantages sur notre économie et, dans quels cas, pourrait-il améliorer le quotidien des populations ?
Enjeux
A en croire l´économiste Mor Talla Kane, directeur exécutif de la Confédération Nationale des Employeurs du Sénégal (CNES), le marché unique peut se définir comme étant « un espace géographique où les populations peuvent acheter et vendre librement des biens et des services, sans payer de droits de douane. C'est également la suppression totale des taxes douanières entre les différents pays appartenant à une union économique dans laquelle la fluidité de la circulation des personnes, de leurs biens et des services est assurée, sans contraintes majeures ». A la lumière de cette définition, l'on peut dire, sans risque de se tromper, que la création d´un marché unique pourra améliorer considérablement le quotidien des citoyens de la CEDEAO, en ce sens qu´il permettra aux populations, d´une part, d´avoir un plus large choix et une baisse des prix des denrées, d’accéder á une meilleure qualité des produits, et d´assurer une sécurité alimentaire. D´autre part, il pourra créer des richesses, en faisant des économies dans les ménages et en créant des emplois. Ce qui permettra, du coup, d´augmenter le pouvoir d’achat des habitants. En effet, des études menées par des spécialistes ont montré que la mise en place de ce marché pourrait améliorer, considérablement, le quotidien des populations á la base et pourrait permettre aux entreprises une plus grande compétitivité. Il va, également, faciliter les échanges commerciaux au sein de notre pays mais également, sur l´espace CEDEAO. Selon un rapport de l'ancien ministre du commerce Sénégalais Amadou Niang, le produit intérieur brut du Sénégal (PIB) est estimé, pour l’année 2011, à 6.813 milliards de FCFA. Et Concernant les performances extérieures du Sénégal, le ministre reconnait que la balance commerciale du Sénégal connaît toujours un déficit structurel, depuis 1960 qui s’établit à 1204 milliards, en 2010, contre 1221,8 milliards francs CFA, en 2009.Quant au Produit Intérieur Brut, par habitant et par an, il est de $1,900, en 2010, avec un taux d´inflation de 1,2 % embourbant la quasi-totalité de la population dans une extrême pauvreté avec des revenus journaliers très faibles.
Devant cette situation difficile, la création d’un marché unique pourrait être une solution pour accroître le niveau de vie des populations. Pour cela, il appartient aux autorités Etatiques de prendre des dispositions nécessaires, afin de parvenir á cet outil précieux qui va booster notre économie. Faute de quoi, la dynamique d´un passage d´une Cedeao des Etats á une Cedeao des peuples, á l’orée 2020, ne serait qu´une utopie.
Entraves
Ainsi, pour parvenir á la création de ce marché unique, il faudrait, selon M. Kane, surmonter des obstacles, comme « la faiblesse des infrastructures de transports routier, ferroviaire, maritime, fluvial et aérien. A cela s´ajoute le mauvais état des routes qui joue beaucoup sur les coûts de transports, les procédures de contrôles intempestifs sur les différents corridors demeurent toujours un motif de découragement des opérateurs économiques et un facteur de limitation des initiatives en matière de commerce ». A ce problème, sont venus s’ajouter des problèmes de sécurité liés à la circulation des armes légères et de petits calibres, au développement du grand banditisme ou à une présence massive de la drogue dont la sous région est en passe de devenir une plaque tournante. La protection du marché national contre la concurrence externe, communément, appelée le protectionnisme existe, malheureusement. La diversité des langues constitue aussi un autre facteur de blocage des échanges. La multiplicité des monnaies ne favorise pas les échanges commerciaux entre pays de la région. On compte presque 8 monnaies dans l'espace CEDEAO, dont le franc Cfa, commun aux 8 pays de l´Uemoa et les monnaies nationales des 7 autres Etats. Ceci, malgré l´adoption et la ratification des textes par nos Etats sur la libre circulation des personnes et de leurs biens. La création d’un marché unique régional dépend, fondamentalement, de la suppression de toutes ces entraves qui réduisent la mobilité des personnes et de leurs biens. Ces difficultés freinent les échanges au sein des espaces nationaux et minent la compétitivité des entreprises. Les chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO ont á choisir entre deux options. S´ouvrir, davantage, á la création d´un marché unique, pour résister á la concurrence mondiale ou alors se barricader, en rendant plus vulnérables nos économies, avec, comme conséquences, l´extrême pauvreté des populations à la base.
Mahamadou Lamine BARRO
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